Premier trimestre : mars

Ah ce deuxième mois… Je ne pense pas que je m’en rappellerai avec nostalgie. Passés le mois de février où je n’étais au courant de rien puis la surprise et la joie de l’annoncer aux toutes premières personnes sont arrivés… les doutes, les angoisses, la culpabilité et les symptômes.

Les doutes

Est-ce que c’est une bonne chose ? Est-ce qu’on était vraiment prêts ? C’est pas inconscient de s’être lancé là dedans ? Est-ce qu’on a vraiment assez réfléchi ? On va vraiment y arriver ? Et si c’était trop compliqué financièrement ? Et si notre enfant nous en voulait plus tard ? Et s’il ne nous aime pas ? qu’il nous trouve nuls ? Et s’il avait raison ? Et si on l’élève mal et qu’il devient incontrôlable ? Et si on le rendait malheureux ? et qu’on lui refilait nos craintes, nos handicaps, nos problèmes ?

Les angoisses

J’ai constamment mal aux ovaires, c’est pas normal ! Comment je sais si je fais une fausse couche ou si c’est une douleur normale ? J’ai le droit de le manger ça ? Comment ça la réglisse faut éviter ? Et les baies de goji aussi ?! Le café ils disent « un peu » mais c’est quoi « un peu » ? Ma collègue n’en buvait pas du tout elle ! C’est grave si je fais du sport ? Et c’est grave si je fais pas de sport du tout ? Les légumes qui sont pas bio je dois éviter ! Il faut que j’arrête de me maquiller et d’appliquer des soins qui ne sont pas naturels ! La nourriture transformée c’est ter-mi-née. Pas de sucre raffiné ! Les fruits le matin c’est pas bon peut-être ? Je vais avoir du diabète gestationnel après ! J’espère que je suis immunisée contre la toxoplasmose, je suis pas sûre d’avoir assez bien lavé mon poivron. J’ai assez fait cuire mon steak ? Je crois que j’ai senti un bout qui était pas super cuit ! Je mange assez ? Il faut que je calcule mes calories ! Je mange trop peut-être et il va trop grossir ! Si je fais cuire mes légumes ça enlève le risque de toxo, mais ils perdent plein de leurs nutriments ! J’ai pris un bain, j’aurais pas dû, il parait que c’est contre-indiqué ! J’ai eu très froid donc j’ai pris une douche chaude, mais c’est très mauvais pour le bébé ça ! Et si je lui avais fait du mal ? Et si je faisais une fausse couche ?!

Bon, je peux continuer comme ça pendant très très longtemps. Mais on saisit plus ou moins l’état de ma tête tout au long du mois.

La culpabilité

Ah celle-ci… elle est apparue tellement tôt. Mon mois de mars a été tellement compliqué que j’ai pas eu le comportement le plus exemplaire. J’ai passé 2 semaines à manger de façon extrêmement surveillée. Féculents complets, légumes, viande maigre, produits laitiers natures ou fruits frais à chaque repas. Pas un gâteau, pas une chips, pas un produit transformé, pas une boisson sucrée ! Et puis les premiers symptômes sont arrivés (en même temps que le 3ème confinement – oui on a eu le droit à 15 jours de rab nous…). Impossible pour moi de gérer ça comme il faut. Je me suis mise à manger très gras et très sucré. Et j’ai quasiment arrêté toute activité physique.

Mais forcément avec tous ces produits transformés que je me suis mise à manger, tout ce sucre et tout ce gras, je n’ai plus pensé qu’à une chose : je suis en train d’empoisonner le bébé. Je serai une mère indigne, je n’arrive même pas à penser à lui avant mon propre plaisir. Je ne l’aime pas, je préfère mon confort à son bien être. Je suis une personne indigne… Il va voir du diabète, une malformation, un retard de croissance, un QI sous développé, il sera obèse et tout ça ce sera ma faute, parce que je suis incapable de manger correctement et de faire du sport !

J’ai essayé de prendre un peu de recul par rapport à tout ça. Aujourd’hui (mi-avril) je me dis que je fais comme je peux. Je fais de mon mieux. Que ce n’est pas parfait, mais que je ne peux pas faire autrement là maintenant. C’est au dessus de mes forces…

Les symptômes

Il y a des symptômes que j’attendais, d’autres auxquels je ne m’attendais vraiment pas.

Les nausées : elles sont arrivées 1 bonne semaine après le test de grossesse, pour ne plus me quitter. J’ai eu la chance de très peu vomir mais j’ai eu des nausées non stop, du matin au soir. La nuit aussi. Et des dégoûts pour tous les aliments. Je ne pouvais pas manger un repas plus de 2 fois, même ceux que j’adorais, comme les bagels ❤ ou le taboulé ! Même ma fameuse salade poivron, concombre, champignon, oeuf, fromage, que je mange non stop depuis 3 ans ne passait plus du tout. Par contre les aliments très sucrés et ultra transformés passaient beaucoup mieux… malheureusement. C’est à ce moment là que je me suis mise à manger un peu tout et n’importe quoi, n’importe quand.

La fatigue : Certains jours étaient tellement difficiles ! Je ressentais une fatigue tellement intense que travailler devenait très compliqué, et pourtant je fais un travail de bureau, assise toute la journée derrière mon écran. Même parler, formuler des phrases, pouvait être vraiment compliqué.

L’hyper émotivité : C’est simple, tout me faisait pleurer ou m’énervait. Une pub, un film, un clip… et je pleure. Une fenêtre mal fermée et c’est le drame, je suis en colère comme jamais ! Ça c’était plutôt rigolo parce que je me rendais totalement compte de l’absurdité de la situation et quelques minutes après j’en riais. Et aussi parce que j’ai un amoureux parfait qui comprenait et qui ne m’en tenait pas rigueur ❤

Les insomnies : Je suis quelqu’un qui a depuis toujours beaucoup de mal à dormir. Je m’endors difficilement, je me réveille facilement. Mes nuits sont rarement sereines. Mais là c’est encore pire. Je ne passe plus une seule nuit complète. Elles ressemblent plutôt à plusieurs siestes entrecoupées de longues périodes d’éveil. Je me réveille très souvent 2 à 3 fois par nuit et mes périodes d’éveil durent souvent de 30 min à 1h30. Autant dire qu’aller me coucher est loin d’être un bon moment. Je redoute chaque nuit maintenant.

La déprime : Alors ça, je ne l’attendais pas. Je savais qu’on pouvait s’angoisser, se poser des questions mais tomber dans une déprime assez forte, non je ne m’y attendais pas. Je passais certains jours entiers dans mon lit, à regarder des vidéos YouTube et à scroller sur Instagram entre deux crises de larmes. J’étais tellement mal et l’impression que personne ne pouvait me comprendre. Tout le monde me disait que ça allait passer, et bien que je les croyais et que je pensais la même chose, ça ne me rassurait pas. J’avais juste l’impression que c’était la réponse de tout le monde « ça va passer ». Sans prendre en compte ma douleur à l’instant T, parce que … ça allait passer. Je sais bien sûr que c’est faux, que personne ne savait vraiment comment me réconforter parce qu’on se trouve démuni face à quelqu’un qui souffre quand on ne peut pas lui apporter de solution. Mais ce mois de mars a été assez noir et je pense ne jamais m’être sentie aussi déprimée de ma vie, même quand je vivais des situations vraiment compliquées. Je pense que c’est aussi ce qui m’a fait beaucoup manger gras et sucré. C’est un besoin de réconfort que je ne trouvais pas ailleurs.

Le sentiment d’abandon et de solitude : J’ai aussi été confrontée à une situation à laquelle je ne m’attendais pas, le fait être totalement abandonnée et même inexistante pendant ce premier trimestre. Nous avons eu la chance de faire une écho de datation un peu avant les 2 mois de grossesse mais normalement il n’y en a pas avant les 3 mois ! On passe donc potentiellement 3 mois sans savoir comment va le bébé, si la grossesse se déroule normalement, s’il est bien accroché, ou même vivant, combien il y a d’embryon… Il y a une première prise de sang et puis… c’est tout. Si la prise de sang ne présente rien d’anormal il ne se passe rien avant la fin du premier trimestre. Pas d’examen, pas de rdv, pas de déclaration de naissance. Rien. On est enceinte mais on n’existe pas en tant que femme enceinte. Et puis ça ne se voit pas du tout, donc personne n’est au courant. On nous conseille également de ne pas en parler autour de nous, au cas où. C’est un moment que je trouve particulièrement difficile.

L’échographie de datation et le début du suivi

Mais c’est aussi ce mois-ci que nous avons pu faire notre toute première échographie. J’ai décidé d’être suivi par des sage-femmes pour ma grossesse et de ne pas du tout passer par un gynécologue si ma grossesse le permet. J’ai des rapports un peu compliqué avec le corps médical et la sage-femme me paraissait la meilleure option pour moi. J’en ai donc appelé un juste après la prise de sang qui a confirmé ma grossesse et il a décidé de me faire faire une écho de datation vers 8SA pour voir si tout se déroulait bien et pour savoir quand on pourrait faire l’échographie du premier trimestre. Le 22 mars, c’est le jour où on a entendu le coeur de notre chouquette pour la toute première fois et où on a pu apercevoir son tout petit corps en formation, de 8 mm qui ressemble à peine à un têtard !

Voilà, ce mois de mars n’est pas un mois dont je me rappellerais avec beaucoup de nostalgie je pense et je suis plutôt contente qu’il soit derrière moi. Place au mois d’avril !

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